[ ... ]

- Il suffirait de remonter le temps pour que vous voyiez comme j'ai raison !

Un ombre s'abattit sur la classe. Il avait souhaité une fois de trop: à présent, le mystérieux Maître du Temps l'avait entendu. Ils restèrent pétrifiés, ne pouvant que voir le cadran de l'horloge qui se mit brusquement à tourner dans le mauvais sens, de plus en plus vite. Et, peu à peu, les lieux se dégradaient, le cadran vieillissait, jusqu'à prendre la forme d'une vieille horloge. La salle dans laquelle ils se trouvaient précédemment n'était plus rien: plus de chaise, de bureau, de tableau. Tout était vide.

Quand ils sortirent, ils virent qu'ils étaient à la fin du XVIIIème siècle, à la veille de la révolution. Et celle-ci n'avait pas grand-chose à voir avec ce que racontaient les livres et les cours. Ils se trouvaient devant un grand bûcher sur lequel une femme brûlait. Non, la chasse aux sorcières n'était pas encore finie, mais elle se faisait dans le secret, et personne n'en avait jamais rien su. Puis le temps se figea de nouveau, et le Maître du Temps parla de sa voix lointaine.

- Vous voici en 1786. Les bourgeois traquent les sorcières depuis quelques temps dans le but de renverser le pouvoir royal et les nobles. Les intellectuels encouragent le peuple à reprendre le contrôle de la situation, car jouer avec les sorcières n'est pas sans conséquence. Les principales cibles, la famille royale et les aristocrates, chassent ces sorcières pour leur bloquer toutes les portes. Des libertins et conspirateurs ont appris qu'il y en avait en ville, et s'en servent pour leurs propres vengeances. Vous vouliez tout savoir, chers professeurs: profitez-en !

Une histoire tordue, complètement toquée. Elle prête à rêver mais ceux qui la vive ne sont pas loin de cauchemarder. La solitude, un vice devenu une habitude. L'excès, ils ont aboli les barrières ces jeunes que plus rien n'effraie. Une caresse éphémère, pas de frontière. Le mot avenir s'efface de leur vocabulaire. Ils doivent l'avoir noyé dans trop de vodka. Leurs cigarettes contiennent bien plus que du simple tabac. Percing ostentatoire, pour ce qu'avant nos grands-mères auraient nommé bêtes de foire. Papa maman égale porte-monnaie ou bien êtres détestés. Études, mais enfin de quoi vous parlez ? Ceux qui refusent, conservent la loyauté comme voeux pieux. Plutôt que les pilules brillantes de milles feu, n'ont plus aucune valeur à leurs yeux. On leur bassine depuis l'enfance que leurs vies n'ont pas la moindre chance. Que leurs morts sont courues d'avance. Déchéance. Faut avoir envie quand on les voit s'entretuer. Avaler des anti-déprésseurs par sachet. De se battre pour avancer. L'imaginaire plane avec un goût d'indispensable. Ce putain de monde est trop instable. Et ils sont trop cons. Ils sont trop lâches préférant dire "fuyons". L'infamie. C'est devenu un nouveau style de vie. Zoom avant au milieux des hivers froids pour européens en émois. Hollande pour être précis, on y subit une vague de foi. C'est dans un café de la capitale que c'est enclenché l'engrenage. Secte création. C'est ainsi que la presse nomme l'engouement autours d'une idée au départ sans prétention. Retrouver l'espoir. Le désir de croire. Pas vraiment de dieux, ni de règlement illusoire. Du moins au départ. Car l'idée a totalement échappée à son précurseur. Lui d'ailleurs a fini dans un cercueil à nourrir les fleurs. Des gourous, imposteurs ? Ils ont pullulé avides de pouvoir. De gloire. Personne ne sait expliquer comment c'est arrivé. Pourtant c'est bien la réalité. Quatre groupuscules et des dizaines d'autres moins importants se sont formés. Prétendants tous être la bonne lignée. La voie à suivre pour ne pas finir comme ces crétins d'adultes lobotomisés. Mais, tout mouvement sectaire isole... Attention la liberté s'envole.

Ceci n'est pas une légende, c'est un mythe sur du son. Sur des cris qui s'élèvent et des amplis poussaient à fond. De cette exaltation que par millier nous vivions à l'unisson. La musique. Génératrice de passion comme de critiques. Qui n'a jamais plané sur un morceau adoré ? Une envie aiguë de danser ou chanter. Des paroles que l'on connait mieux que par coeur. Et des fantasmes sur un si beau guitariste et sexy chanteur. Sans parler du batteur rythmant ces mélodies qui nous font perdre le fil des heures. Quelques sois vos goûts ou dégoûts. Artistes ou spectateur on sait que la musique vous met à genoux. Mais... Appui sur stop et jette un coup d'oeil. Y'a quelque chose qui les mène au cercueil. On pourrait parler de téléchargement et de la mort du culte du CD. De ces petits groupes qui trop peu achetait ne peuvent pas exister. Et puis notre univers tellement commercialisé. Serait-ce responsable d'une musique à moindre densité ? Uniformisée. Il y a aussi cette histoire d'apparence, de ce qu'il faut écouter. Comme si vos amis se déterminaient à votre musique. Que vos fringues devaient coller à votre playlist. Sinon c'trop pathétique. À vos oreilles ça ne sonne pas comme un hic ? Et non ce n'est pas un trait d'esprit humoristique. Et la liberté alors ? Ce qui fait que cela a toujours valu plus que l'or. T'as pas le look alors t'écoute pas. Tu n'as pas le droit. Où on va là ?! Génération sacrifiée, aux limites oubliées. Paradoxe d'une adorée qu'on utilise maintenant pour juger. Des artistes se sont alors mis à ruser. Une nouvelle idée à germée puis est née. Adieu salle de concerts et jolis petits coupons. Ils se déroulent maintenant la nuit presque dans une clandestine organisation. La bouche à oreille pour que les fans soient informés. Internet aussi pour aider. Lieux tenus secret. Retour aux origines et au temps de l'apogée. Woodstock nouvelle vague voici comment les médias les ont surnommés. Ce qui leur importent c'est que la musique pour la musique soit retrouvée. Que dans ce monde ravagé. Elle redevienne vecteur d'espoir et liberté. Les ailes de nos esprits malmenés. C'est sa raison d'exister. Et quel que soit notre rôle dans cette machine délicieusement infernale. On sait que se profil à l'horizon des fucking good festivals.